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Godechot Olivier, 2006, « Hold-up en finance. Les conditions de possibilité des bonus élevés dans l'industrie financière », Revue française de sociologie, vol. 47, n°2, p. 341-371. Les rémunérations dans l’industrie financière sont parfois très élevées et la compréhension de leur mode de formation est une clé pour la compréhension du rapport salarial. Le fait que certains salariés acquièrent un pouvoir de hold-up constitue une meilleure piste d’explication que l’idée d’incitation optimale à l’effort. Un cas de hold-up exemplaire aide à comprendre le mécanisme. Deux chefs de salle d’une grande banque ont obtenu dix et sept millions d’euros de bonus au titre de l’année 2000 en agitant la menace crédible de faire partir l’ensemble des équipes qu’ils dirigeaient dans une banque rivale. Ce cas permet de styliser le mécanisme de hold-up : la maîtrise d’actifs transférables donne les moyens de menacer l’entreprise de dommages si celle-ci n’accepte pas une renégociation favorable au salarié. Ce mécanisme est d’autant plus fréquent que les protections sont relativement inefficaces. Il conduit à voir différemment le marché du travail de l’industrie financière : moins comme un marché de personnes et de compétences personnelles que comme un marché d’actifs d’entreprises collectivement produits et emportés par des personnes qui en organisent le transfert.
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