Finanz und Gesellschaft

Dans le cadre de mon terrain de thèse, j’ai rencontré jeudi dernier un gérant d’actifs qui fut une vedette de la gestion parisienne à la fin des années 1990. Il prend souvent un ton désabusé et se lance régulièrement à lui même des remarques qui mêlent l’humour à l’autocritique. Selon le cas, il se vise lui-même ou bien il prend pour cible toute la profession qui est la sienne. Cela l’a amené à me vanter les sketchs télévisés réalisés par des comiques britanniques, John Bird et John Fortune. Mon interlocuteur prétend que bien des abus seraient évités s’il était obligatoire pour tous les gérants de portefeuilles de les visionner au moins une fois par trimestre.
Comme un conseiller senior du fonds de pension d’une grande entreprise française m’avait déjà suggéré l’année dernière de les regarder, je ne résiste plus à l’envie de les partager avec vous. J’ai cherché à recenser la totalité de leurs sketchs sur la crise financière, mais chaque année leur en inspire de nouveaux. Certains sont tout récents. Peut-être s’en cache-t-il d’autres dans les recoins de la toile.

Comme dans les autres sketchs qu’ils réalisent, Bird et Fortune incarnent des membres de l’establishment britannique dont ils reprennent les manières d’être et de parler. Un journaliste sérieux donne vie au sens commun des classes moyennes supérieures, déférent envers les princes de la finance mais soucieux de la sauvegarde de la protection des épargnants et des travailleurs. Il s’entretient avec un banquier d’affaires repu et ignorant, oublieux et inconséquent mais qui manifeste une sérénité à toute épreuve, justifiée par le fait qu’il semble être le seul à rester épargné par la crise financière.

Bird et Fortune tournent en dérision les prétentions à l’expertise des détenteurs du pouvoir économique et politique. En les moquant, ils les peignent comme des baudruches incompétentes dont le pouvoir tient seulement à la croyance qu’on a de leur importance. En creux, les interviews parodiques de Bird et Fortune appellent à renverser les statues des commandeurs, sans croire à l’importance que les financiers se donnent comme protection.

Ces vidéos sont passionnantes, notamment parce qu’elles exagèrent certaines postures propres à l’habitus des banquiers d’affaires. Bird et Fortune jouent savamment des clichés langagiers dont usent les acteurs de la finance lorsqu’ils publient des tribunes de presse, donnent des interviews ou parlent à des conférences professionnelles. En décrivant précisément les attitudes des acteurs télévisuels, il est possible d’obtenir une image typique des acteurs les plus installés de la gestion d’actifs et de la finance en général.

J’ai essayé d’ordonner les vidéos dans l’ordre de leur création, mais je ne suis pas très assuré de ma réussite. Ce n’est pas important. Profitez-en bien :

Shouldn’t you have seen it coming?

Subprime crisis :

Could you explain the credit crunch ?

Before you get too abusive :

Silly Money (1/2):

Silly Money (2/2):

Just this once (1/3). Insult:

Just this once (2/3). Well of course, I still am rich:

Just this once (3/3). How are we going through:

Pierre de Larminat. 23 nov. 2009

Tags : george parr, habitus, investment banker, john bird, john fortune, long johns, subprime crisis

Cette entrée a été publiée le Lundi 23 novembre 2009 à 18 h 16 min, et rangée dans crises financières, divertissement. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via son flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un rétrolien depuis votre site.