Lorsque des acteurs sociaux partagent un intérêt commun à une activité particulière leurs relations peuvent donner lieu à la construction d’institutions. Certaines de ces institutions sont des normes de comportement, qui stabilisent les interactions sur la base de souvenirs communs qui se figent en règles plus ou moins impersonnelles et indépendantes de ces souvenirs. D’autres sont des groupements comme des sociétés commerciales, familles, clubs et associations diverses. Les personnes qui sont en relation avec ce groupe peuvent se désigner par un nom propre ou bien ils sont appelés ainsi par des personnes extérieures à ce groupe. Un nom c’est toujours un univers de significations, qui informe en partie sur la conception du groupe partagée par ceux qui le nomment ainsi.
La paire « Finanz und Gesellschaft » n’est rien d’autre que la traduction en allemand du couple « finance et société ». C’est sans doute l’expression la moins exclusive pour recouvrir les intérêts communs de personnes qui étudient les faits financiers sans exclure de science sociale a priori et qui apprécient la discussion entre anthropologues, économistes, gestionnaires, historiens, politistes ou sociologues.
C’est aussi un nom allemand pour un blog dont les contributions ont pour l’instant été rédigées uniquement en français, même si nous avons vu passer des vidéos en anglais. C’est pourtant une invitation à s’exprimer dans la langue de son choix.
Surtout, le nom du blog fait un parallèle potache avec Wirtschaft und Gesellschaft, le traité où Max Weber exprime les fondements de sa méthode d’analyse historique et sociologique des faits économiques et sociaux et dont la célébrité est telle que ces mots sont compris par n’importe quel sociologue. Avec un nom pareil, notre blog choisit le parrainage d’un scientifique passionnant et affiche une belle ambition : rappeler que la finance, même dans ses formes apparemment les plus éloignées de l’expérience ordinaire de l’activité économique, est aussi une activité sociale. On ne peut pratiquer la finance sans s’appuyer sur des institutions dont l’analyse ne relève pas seulement de la modélisation probabilisée du prix des actifs.
Pierre
Tags : finanz und gesellschaft, institutions, max weber, nom, wirtschaft und gesellschaft